35 trucs pour réussir sa garde partagée, par Suzanne Décarie
jeudi 1er juin 2006.
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De plus en plus populaire, la garde partagée exige qu’on s’organise. Nous avons demandé leurs trucs à des parents, des enfants et des spécialistes.
Gérer le quotidien 1. « C’est important d’habiter tous les deux assez près de l’école, qui est comme un pivot dans la vie de l’enfant. Ainsi, celui-ci ne change pas d’environnement, et ses amis restent proches. » Marie-Claude, 33 ans, mère d’un garçon de 7 ans qui vit la garde partagée depuis 4 ans
2. « On établit un horaire des changements de garde et on s’y tient. C’est plus facile de planifier ses fins de semaine quand on sait que, le dimanche soir, on va chez l’autre parent. » Marie-Laure, 22 ans, qui a vécu la garde partagée pendant 10 ans
3. « Avant d’établir les arrangements de base, on en discute, puis on fait quelques essais et ajustements. On peut même penser à une mise en place graduelle qui permettra à tout le monde de prendre confiance. Après, on essaie de garder l’arrangement stable pour ne pas perturber inutilement l’enfant. Ça devient le noyau autour duquel on construit ses horaires. » Denyse Côté, sociologue, professeure en service social à l’Université du Québec à Hull et auteure de La Garde partagée, l’équité en question, a vécu la garde partagée pendant des années
4. « Si les contacts au domicile de l’autre suscitent des tensions, on utilise, temporairement peut-être, un lieu neutre pour faciliter les transitions. » Claudette Guilmaine, médiatrice familiale accréditée, travailleuse sociale et auteure du livre La Garde partagée, un heureux compromis
5. « À mesure que l’enfant grandit, on favorise des périodes plus longues, qui permettent d’établir la relation et de faire des choses. L’adaptation et les retrouvailles grugent du temps, l’anticipation de la séparation et le passage d’un parent à l’autre en prennent aussi. Finalement, il en reste peu pour faire des choses ensemble. » Alain, père d’un garçon de 19 ans qui a vécu 14 ans de garde partagée
6. « Si l’un des parents change de quartier, il devrait accepter de voyager l’enfant matin et soir quand c’est son tour de garde. » Denyse Côté
7. « Plus l’enfant est jeune, plus les périodes de garde devraient être courtes et rapprochées : 2 ou 3 jours. Ou alors, on opte pour la formule du nid : l’enfant ne bouge pas, ce sont les parents qui se déplacent. » Claudette Guilmaine
8. « On laisse l’enfant emporter tout ce qui peut faciliter sa transition d’un lieu à l’autre selon son âge : couverture favorite, toutous, jouets préférés, instrument de musique, équipement de sport, etc. Les petits ont besoin d’une continuité dans leur environnement, de la sécurité des odeurs, c’est donc important. » Claudette Guilmaine
9. « Si on a du mal à se parler, on trouve d’autres moyens de communiquer. On utilise le répondeur, le courriel, le cahier de l’enfant. » Francine Cyr, psychologue, professeure et chercheuse au Département de psychologie de l’Université de Montréal
10. « On peut choisir entre transporter le maximum ou acheter en double, selon ce qui est le plus facile pour nous. Plusieurs optent pour le minimum de base (sous-vêtements, pyjamas, etc.) dans chaque maison et les gros morceaux qui alternent. » Claudette Guilmaine
11. « Avant de choisir une activité parascolaire, on s’assure que l’enfant pourra se conformer aux exigences. Je suivais des cours de piano, mais il n’y avait pas de piano chez mon père. Alors, soit je ne pratiquais pas quand j’y étais, soit je me déplaçais chez ma mère. Ça aurait été plus simple des cours de flûte - ça se traîne facilement -, de danse ou de karaté. » Marie-Laure
12. « Pour éviter que les enfants ne vivent dans leur valise, j’allais porter cette dernière chez leur père après les avoir laissés à l’école. Et vice-versa. » Lucie, mère de deux enfants aujourd’hui âgés de 20 et 22 ans, mais qui avaient 5 et 7 ans à la séparation
13. « Faire la liste de ce qu’il y a dans sa valise et cocher pour être certaine de ne pas oublier le CD qu’on aime tant, le chandail qu’on préfère ou le Bescherelle, dont on a besoin. » Marie-Laure
14. « On est tous deux engagés dans la vie scolaire de notre fils. On le suit de près, on l’aide dans ses travaux. Quand quelque chose ne va pas, on se rend à l’école ensemble. Pour les rencontres de routine, celui qui est disponible y assiste et fait part à l’autre de ce qui s’y est dit. » Viviane, 30 ans, mère de Didier, 10 ans, qui vit en garde partagée depuis 2 ans
15. « Avoir des vêtements et être équipée dans les deux maisons, ça permet de se sentir tout de suite chez soi dans un endroit comme dans l’autre. » Édith, 22 ans, qui a vécu 15 ans de garde partagée
16. « On s’assure d’avoir dans chaque maison au moins une brosse à cheveux, une brosse à dents, un maillot de bain, un costume d’éducation physique et une boîte à lunch. Autant d’articles qu’on oublie souvent et après lesquels il faut courir à la dernière minute ! » Marie-Laure
Établir des règles claires17. « On ne rivalise pas avec son ex, on ne tombe pas dans le concours du parent le plus fin et le plus cool. Les enfants ont besoin de parents responsables qui les éduquent, pas d’amis parents. » Claudette Guilmaine
18. « On respecte l’autre parent, qui nous respecte aussi, et on fait pour lui ce qu’on aimerait qu’il fasse pour nous : l’aviser d’un retard, lui transmettre les informations concernant l’école, rapporter des vêtements propres, le consulter avant de faire une grosse dépense, l’avertir en cas d’accident, etc. » Claudette Guilmaine
19. « On établit des règles claires et des frontières claires, mais perméables, qu’on respecte en se méfiant de l’ingérence. Chaque maison est indépendante. » Gerry Marino, psychologue au CLSC Lamater de Terrebonne et auteur de La Nouvelle Famille
20. « C’est plus facile quand les grandes règles sont connues et qu’il y a une continuité d’une maison à l’autre. On a établi des bases claires, ça évite le chantage du type "Chez papa, j’ai le droit de..." ou "Maman me laisse faire !" » Françoise, 40 ans, mère d’Ève, 6 ans, qui passe 2 jours par semaine chez son papa
21. « Plus les risques d’accrochage sont grands, plus on précise la division du temps et des responsabilités en apportant une attention particulière à ce qui causait déjà problème pendant la vie à deux. On a toujours eu du mal à discuter d’argent ? On prévoit le partage de frais dans les détails. On ne s’entend pas sur les valeurs d’éducation ? On dresse ensemble une liste de règlements essentiels et on s’engage à les faire respecter dans les deux maisons. » Claudette Guilmaine
22. « Ce que mes parents m’ont légué de plus fantastique, c’est d’avoir toujours été alliés. En aucun cas je ne pouvais les déjouer ou les manipuler, ils étaient ligués et adoptaient la même ligne de conduite. Ç’a été ma sécurité durant toutes ces années. » Édith
23. « Les départs et les retours ravivent la rupture. Si le parent est malheureux ou dépressif, l’enfant se sentira coupable de le laisser. Le parent doit donc remettre les choses en perspective et le réconforter pour qu’il se sente autorisé à se séparer et à réinvestir son autre vie. Il peut dire qu’il a une grande peine quand l’enfant part, mais qu’il sait qu’il sera bien chez son autre parent. Et que, même s’il pleure, il se console après. » Francine Cyr
24. « On encourage l’enfant à régler avec le parent concerné le problème qu’il soumet à notre attention. S’il est en âge d’exprimer ses besoins, on évite de jouer les intermédiaires. » Claudette Guilmaine
Des petits trucs en plus25. « L’été, on allonge les périodes de garde de 1 à 2 semaines. Ça fait vacances, c’est plus agréable et l’enfant peut séjourner à la campagne. Durant l’année, elles sont plus courtes de façon à ne pas perdre le fil. » Viviane
26. « En commençant la garde le vendredi plutôt que le dimanche, on est frais et dispos pour passer la fin de semaine ensemble. On s’est ennuyés, on est contents de se voir et on en profite bien avant de retomber dans la routine et la course de la semaine. » Viviane
27. « Instaurer un rituel de retrouvailles. Tant chez ma mère que chez mon père, c’était le moment d’établir des plans pour la semaine, de se raconter ce qu’on avait fait, de se retrouver. C’est précieux, magique, quand on se sent vraiment bienvenue. » Marie-Laure
28. « On parle régulièrement avec l’enfant quand il est chez l’autre parent. S’appeler chaque jour ou aux 2 jours permet de garder le fil et de continuer de partager son quotidien. » Viviane
29. « On profite de la semaine où l’enfant est chez l’autre parent pour faire plein de choses pour soi : sortir, travailler, prendre des cours, voir des amis, s’occuper de sa vie amoureuse, etc. On a du répit, il faut que ce soit avantageux. » Denyse Côté
30. « On se privilégie mutuellement comme gardiens. Le père de mon fils est toujours la personne que j’appelle en premier si j’ai besoin d’un gardien, et vice-versa. C’est plus économique et plus sympathique. » Viviane
31. « Même si c’est la semaine de garde de l’autre, on se réserve un moment pour aller jouer au parc, déjeuner, dîner avec son enfant. » Claudette Guilmaine
32. « On garde des moments en famille pour que les enfants n’aient pas l’impression d’avoir tout perdu. On continue ainsi de fêter ensemble Noël, les anniversaires, etc. » Lucie
Besoin d’aide ?33. « On prévoit des moments durant l’année pour faire le point et ajuster les modalités de garde. Si ça ne marche pas à notre goût, on n’hésite pas à aller en médiation : on a droit à trois séances payées par le gouvernement, qu’on ait eu un jugement ou pas. » Claudette Guilmaine
34. « Si l’argent est un problème, on rediscute du pourcentage de partage en fonction des capacités de chacun. » Claudette Guilmaine
35. « Le comportement de notre enfant change ? Ça vaut la peine de consulter un spécialiste. Il suffit parfois de quelques ajustements pour rétablir la situation. Pour savoir qui consulter, on communique avec l’Ordre des psychologues ». Francine Cyr
source :
http://www.coupdepouce.com